du 01 octobre au 31 décembre 2022
Magazine d'octobre, novembre et décembre 2022N°39 - Article pages 86 à 90
Campagne Chic & Broc
Atelier Brins de Malice - Entre tradition et exploration
Karelle Couturier a remporté le Trophée des Mains d'Or de la Chambre des Métiers et de l'Artisanat du Val de Loire pour une création en duo "d'argile ET D'OSIER". La créatrice utilise son savoir-faire pour explorer de nouveaux univers à travers la vannerie.
Par Marguerite GROSSE.
Rien ne prédisposait cette ingénieure chimiste et doctorante à la vannerie. Ou plutôt tout !
Après avoir exercé quelques années en France et en Allemagne, non satisfaite de son métier, elle effectue un bilan de compétences. Il est sans appel : il lui faut un métier manuel et créatif lui permettant d'être indépendante tout en transmettant son savoir-faire. "Il se trouve que j'avais effectué un stage de vannerie quelques années auparavant." Le bruit, l'odeur, le toucher de l'osier la séduise. Et sans plus d'explications, elle jette son dévolu sur la vannerie. "J'ai aussi succombé au fait que ce métier n'a jamais pu être industrialisé. "J'exerce aujourd'hui depuis 8 ans et je me suis lancée sans autre formation qu'un stage d'une dizaine de ours. Devenir vannier n'impose aucun diplôme !"
Depuis, elle a suivi une formation continue et s'est formée auprès d'un vannier Meilleur Ouvrier de France, avant de passer un CAP en vannerie en 2019. Ses créations sont aujourd'hui vendues dans des boutiques de créateurs renommées, comme Empreintes, à Paris. Mais désormais son savoir-faire est aussi très sollicité par les designers et Karelle Couturier collabore de plus en plus souvent avec des enseignes, artisans ou entreprises.
UN STYLE SINGULIER
Au départ, la jeune vannière souhaite produire de petites pièces pour les enfants. Très vite rattrapée par la règlementation drastique de ce secteur, elle se tourne vers des pièces plus traditionnelles. Très vite aussi, elle explore de nouveaux horizons. D'abord en collaborant avec une céramiste avec qui elle crée des luminaires et des sculptures. Une expérience très technique qui stimule ses envies d'exploration. Les influences asiatiques sont manifeste dans le travail de la jeune femme. Karelle Couturier a passé 5 mois en Chine et rêve d'aller au Japon. "J'aime beaucoup ce pays dont j'apprends également la langue, et où je projette de me former également dès que le contexte géopolitique le permettra."
Depuis deux ans, elle explore aussi la technique du zarzo. Généralement, ce point s'utilise pour des formes plutôt rondes. Mais la vannière l'a dompté pour des formes plus singulières en triangle. "Mon premier modèle est d'abord né par erreur. Je m'étais trompée de sens, mais comme j'aime aller au bout de ce que j'entreprends, j'ai terminé l'ouvrage. J'ai tout de suite aimé ses lignes atypiques." Ainsi est née une gamme de plateaux, paniers et corbeilles.
UNE DÉMARCHE DE TRANSMISSION
Au cœur de la démarche de Karelle, la transmission : "D'emblée je voulais exercer un métier et le transmettre. Aujourd'hui, je dispense des cours et j'ai rédigé trois ouvrages*. Je forme aussi des professionnels. Je collabore également à la plateforme Artisanatek. Celle-ci est née suite au Covid, et propose des cours en vidéo pour s'initier à divers savoir-faire. Il s'agit de vidéos payantes et visionnables à vie." Comptez 49,90 € le cours de 5h20, équivalent à 38 leçons ainsi que 5 documents et des pas à pas détaillés pour réaliser une corbeille et un panier avec la technique zarzo. De quoi tenter vous aussi l'aventure !
(*) Vannerie de fêtes, Vannerie Maison, et La vannerie, un jeu d'enfant !, aux éditions Terran
