Publié le 26 novembre 2019 par Pion Denise
Découvrir la vannerie avec Karelle, dans le Maine-et-Loire
La vannerie, c’est l’art du tressage végétal ! Karelle Couturier est vannière au Thoureil, une petite cité de caractère en bords de Loire. Dans son atelier, elle aime faire des ponts entre artisanat traditionnel et art contemporain et vous invite à (re)découvrir la vannerie créative.
Après 11 ans d’expérience en tant qu’ingénieure chimiste en France et en Allemagne, Karelle Couturier s’est reconvertie en vannière et a créé Atelier Brins de Malice – Vannerie d’Art, en 2014. Elle travaille seule à l’atelier mais est en partenariat avec d’autres artistes et artisans d’art sur des projets spécifiques comme des céramistes, fleuristes, maroquiniers ou photographes.
Karelle travaille essentiellement l’osier (brins de saule) sous toutes sous formes (blanc, brut, écorces, perles), mais également d’autres végétaux comme le jonc, la sparte, le liber de tilleul, la ronce, la molinie, le rotin ou le bambou, et parfois même des matériaux recyclés à savoir du papier, des chutes de cuir ou des bandes plastiques.
Luminaires "Kyoto" d'argile et d'osier
Quelles ont été vos motivations pour exercer ce métier ?
> C’est un métier purement manuel qui n’a jamais été mécanisé :
Contrairement à d’autres métiers manuels (tissage, céramique…) un panier d’osier se fabrique encore aujourd’hui exclusivement à la main et ne pourra jamais être usiné : chaque brin d’osier est différent et seul l’œil et le touché du vannier vont pouvoir sélectionner le brin approprié à chaque étape de fabrication
> J’aime l’idée de la transmission d’un savoir-faire ancestral en péril :
Sur les 10000 vanniers professionnels en France en 1900, il n’en reste qu’une petite centaine aujourd’hui, dont peu arrivent à en vivre décemment. Il est motivant de participer (à ma manière) à apprendre ce savoir ancestral et de le transmettre ensuite au plus grand nombre afin de susciter de nouvelles vocations lors d’ateliers créatifs, de cours de vannerie traditionnelle et l’écriture de livres grand public
>J’ai une liberté d’expression artistique… car comme tous les métiers d’artisanat d’art, avec la maîtrise d’un certain niveau de technique, il devient possible de s’affranchir des codes de la vannerie utilitaire et de réaliser des pièces personnelles et sculpturales par lesquelles je peux exprimer ma sensibilité !
> Enfin, je souhaitais m’implanter dans l’économie locale (de la culture de l’osier à la commercialisation). Si je ne produit pas mon propre osier, j’ai à cœur de m’approvisionner dans le territoire du Parc Naturel Régional Loire Anjou Touraine afin de participer à l’essor de la filière de l’osier. Je commercialise également mes vanneries à 90% au niveau local, pour des particuliers ou des entreprises, et je participe à des salons locaux afin de favoriser une économie locale et les filières courtes.
Comment avez-vous découvert la vannerie créative ? Qu’est ce qui vous a motivé à choisir la vannerie artisanale ?
J’ai tout d’abord eu un véritable coup de cœur lors d’un stage d’une semaine de vannerie traditionnelle : le toucher de l’osier, le bruit des brins qui s’entrechoquent lors du tressage et l’odeur de la vannerie lors du trempage… Cette expérience est restée gravée dans mes mains !
Plus tard, après les naissances de mes deux premiers enfants, le travail salarié n’est plus porteur de sens et j’effectue un bilan de compétence : c’est tout naturellement l’artisanat d’art qui s’impose à moi, et cette première expérience de vannerie va ressurgir. Je teste mes premières créations auprès des enfants, et, rassurée, je me lance dans la formation et la création d’entreprise pour débuter mon activité en 2014.
Quels sont vos équipements de prédilection pour la vannerie ? A quoi servent ces outils ?
Le principal outil en vannerie, c’est les mains ! Il faut ensuite très peu d’outils pour se lancer : un petit sécateur bien affûté pour épointer et couper les brins, un ou deux poinçons pour piquer et écarter le tressage, une serpette pour affiner les brins en écaffes, et enfin, peut-être le plus important, et souvent le plus difficile à se procurer, une batte pour tasser l’osier et niveler les paniers et corbeilles en vannerie traditionnelle !
Quels avantages présente la vannerie artisanale par rapport à la vannerie industrielle ?
Si la vannerie ne peut être mécanisée, les vanniers indépendants français souffrent d’une concurrence des pays de l’est ou asiatiques, là où la main d’œuvre moins chère. Métier éminemment manuel, l’avantage d’un vannier indépendant comme moi est de proposer des objets solides et de qualité technique irréprochable, mais également de s’adapter aux demandes du client en proposant du sur-mesure (par exemple des tiroirs de cuisine qui s’emboîtent au demi-centimètre près) ainsi qu’une garantie “à vie” des objets fabriqués ! Et le bonus, c’est la personnalisation et la créativité de l’artisan : une grande partie de mes réalisations sont des pièces uniques !
Quels objets recommandez-vous de réaliser pour bien débuter la vannerie ?
Je conseille toujours de débuter par un petit objet en osier brut (plus mou et donc plus facile à manipuler pour les débutants) comme un petit poisson, un masque ou une mangeoire à oiseaux.
Les tutoriels de ces trois objets sont présentés dans le livre “Vannerie de fêtes” aux Editions de Terran. Le poisson permet d’appréhender les premiers gestes de vannerie (tressage entre deux montants) avec une multitude de variations, les deux autres réalisations se travaillent sur un support à trou, ce qui permet de commencer à réaliser des points de tressage de base comme la super, le brin perdu ou le très esthétique nœud japonais ! Un atelier ou un stage sera ensuite nécessaire pour débuter la vannerie traditionnelle en osier blanc.
Sculptures fleuries d'argile et d'osier
Un grand merci à Denise Pion pour la rédaction de cet article ! Si vous l'avez aimé et que vous souhaitez découvrir le portrait d'autres artisans d'art, rendez-vous sur le site internet de ProntoPro :
https://www.prontopro.fr/blog/decouvrir-la-vannerie-avec-karelle-dans-le-maine-et-loire/